Masoud Salari
Deux poèmes du recueil « Enharmoniques », en voie de publication,
illustré par des tableaux de Kaveh Kavoosi
Chant silencieux des alouettes voilées
Nos petites rêveries sont effeuillées,
Et nos pétales de toutes teintes
Flânent avant même de bourgeonner.
Pourtant aucun jardinier,
Ne manifeste pour notre cause,
Ni avec les gilets jaunes,
Ni aucune autre couleur.
Vous y croyez ou pas,
Je jure sur la tête de l’Islam,
Qu’à Téhéran ou à Kaboul,
Nous, les alouettes voilées malgré nous,
Nous voyons notre droit
De nous épanouir à notre gré, violé
Et tous les jours, dans les quotidiens,
Nous cherchons inutilement,
Notre droit à danser
Comme dans un choral
Comme font les abeilles jubilantes des autres jardins,
Tout en étant applaudies par le vent.
Nous-mêmes privées de liberté,
Nous tournons pourtant les pages de Libé,
Pour voir où on en est
Avec la floraison de la laïcité.
Nous feuilletons tous les jours
Les douleurs de Gaza dans les gazettes
Nous lisons également Le Monde,
Mais hélas, le monde ne nous lit pas.
A ton image
À l’image de ta révérence, empreinte de grâce,
A l’image du temple vivant de la nature morte,
A l’image frémissante de l’automne à feuilles renaissantes de tes mains,
A l’image inédite de l’aube déjà comblée de passions contrastées,
A l’image de toi, mystère incarné,
Prions pour le coquelicot mourant
En inclinant la tête sur ta poitrine.
À l’image irrésistible de Forough Farrokhzad,
Croyons en le commencement de la saison froide, en l’imminence d’un temps de départ,
A l’image vivante d’une clairvoyance où chaque couleur devient refrain,
A l’image peu sacrée de l’aura de tout instant,
A l’image de ton étreinte lumineuse, de ton baiser clair, restant toujours enviables
Où se dessine un monde, tendre et sobre,
Adorons la magnanimité des vers qui nous sont encore préservés.